DESCARTES AU PANTHEON
DESCARTES AU PANTHEON

Séjour de Descartes en Suède

 

Descartes quitta Amsterdam début septembre accompagné d'un valet de chambre allemand, Henry Schluter et arriva à Stockholm le 4 octobre 1649. Il résida chez l'ambassadeur de France ou il fut accueilli par Mme Chanut, son épouse, une femme intelligente et accueillante, soeur de Claude Clerselier, ami et éditeur de Descartes. La maison 'von der Lindeska huset' existe encore de nos jours.

 

Dès le lendemain de son arrivée, il fut reçu par la reine en personne qui lui proposa de venir tous les matins à cinq heures dans sa bibliothèque "pour apprendre sa philosophie de sa bouche". Elle dispense Descartes de tout le cérémonial de la cour. Mais avant de commencer, elle lui accorde quelques semaines pour se familiariser avec son nouveau cadre de vie.

 

Descartes ne tarde pas à ressentir son oisiveté et ceci bien que la reine l'ait sollicité pour écrire quelques pièces en "vers français" pour marquer le traité de paix de Munster. "La Naissance de la Paix" ballet dansé au chateau royal le jour de la naissance de la reine Christine le 18 décembre ne serait néanmoins pas de la main de Descartes. L'auteur pourrait etre Hélie Poirier, un français converti au protestantisme et qui passa plusieurs années aux Pays-Bas.

 

A partir du 19 décembre Descartes commenca à donner des leçons privées à la reine Christine.

 

Pierre Chanut tomba malade le 18 janvier d'une "inflammation du poumon" dont il ne se rétablit qu'à partir du 29 janvier. Descartes le veilla régulièrement tout en continuant à aller au palais royal. La reine le chargea alors de travailler sur un projet d'Académie dont elle avait l'intention de le nommer directeur.

 

Après avoir quité la reine Christine le 1er février, Descartes ressentit des premiers frissons. Il devait mourir le 11.

Le déroulement de la maladie de Descartes

 

Nous disposons de plusieurs sources sur les derniers jours du philosophe: une lettre en latin du medecin de la reine, van Wullen, une lettre en néerlandais de Schluter, le valet de Descartes et enfin plusieurs lettres de Chanut.

Le récit qu'en fait A.Baillet est le suivant:

 

- 1er février: de retour du palais royal, Descartes ressent quelques frissons. Il se soigne en buvant "un demi-verre d'eau-de-vie brulée".

- 2 février: fete de la purification de la Sainte Vierge. Descartes reçoit l'eucharistie des mains du P. F. Vogué, aumonier de l'Ambassadeur. Le soir, il se met au lit "la fièvre ayant saisi (...) le cerveau".

- 3 février: Descartes ne prend "ni remède, ni nourriture" et reste "presque toujours assoupi". La reine envoie son medeçin van Wullen au chevet de Descartes.  C'était un hollondais qui s'était toujours opposé aux idées défendues par le philosophe.

- 4 février: "la fièvre qui n'avait été qu'interne commenca à faire paraitre sa violence." Descartes consent à recevoir van Wullen qui suggère une saignée catégoriquement refusée par Descartes.

- 5 février: Descartes dont "le cerveau était tout en feu" refuse tout traitement et dispense van Wullen de venir le revoir.

- 6 février: "l'embrassement s'accrut tellement dans le poumon que la maladie fut jugée dès lors incurable". Les médecins n'osent plus "paraitre devant le malade" et ce sont les Chanut qui servent d'intermédiaires.

- 7 février: van Wullen déclare que Descartes est condamné

- 8 février: "la chaleur quitta le cerveau pour se répandre par tout le corps"

- 9 février: Descartes prend conscience de son état et demande à ce que le chirurgien de l'ambassadeur le saigne par deux fois. "Il ne crachait plus qu'avec difficultés et les flegmes qu'il tirait de sa poitrine n'était qu'un sang noiratre et corrompu." Descartes demande qu'on lui fasse "infuser du tabac dans du vin pour se procurer un vomissement". Van Wullen renonce à soigner Descartes qui demande à voir l'aumonier.

- 10 février: Descartes demande à Schluter de lui préparer des "panets". Le soir il se lève mais fait un malaise. Il est veillé par P. Chanut et le P. Vogué.

- 11 février: Descartes reçoit la bénédiction du P. Vogué et s'éteint à quatre heures du matin.

 

Après la mort de Descartes

 

La reine souhaitait en signe de reconnaissance que Descartes soit enterré dans l'église de Riddarholmen qui servait de nécropole royale. Mais l'ambassadeur de France s'opposa à ce que Descartes soit inhumé dans une église luthérienne (1) et préféra le cimetière de l'hopital des orphelins situé en dehors de la ville dans le faubourg de Norrmalm. Une chapelle en bois dédiée à Saint-Olaf fut construite en 1674. Elle sera remplacée par l'église Adolf Fredriks construite entre 1768 et 1774. Gustav III qui n'était alors qur prince héritier, insista pour qu'un monument rende hommage au mathématicien et philosophe français. L'oeuvre réalisée par Johan Tobias Sergel représente "la vérité délivrée du mensonge". Elle porte l'inscription:

 

"Gustavus Pr. Haer. R.S. (Prince héréditaire Gustave)

Renato Cartesio

Nat. in Gallia MDXCVI

Mort. in Svecia MDCL

Monumentum erexit

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MDCCLXX"

 

(1) Ironie de l'histoire, Christine de Suède ne sera pas non plus enterrée dans cette église. Après sa conversion au catholicisme, elle sera inhumée dans la nécropole papale de la basilique Saint-Pierre de Rome.

La dernière résidence de Descartes à Stockholm

 

C'est un bâtiment de briques rouges de quatre étages de style Renaissance néerlandaise situé dans la vieille ville, au 68 Vasterlanggantan. Construite par le marchand Erik von der Linde en 1630, la maison est vendue à la reine Christine en 1646. En 1648, elle la donne à son demi-frère, Gustaf Gustafsson af Vasaborg. L’entrée est ornée de la tête de Mercure et Neptune. Sur le mur se trouvent deux cartouches avec des textes : 'An Gottes Segen ist alles gelegen' et 'Auf Gott allein setze die Hoffnung Dein'

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