Abbaye royale de Sainte Geneviève du Mont
d’après l’Epitaphier du vieux Paris
De la basilique primitive élevée par Clovis en l’honneur des saints apôtres Pierre et Paul, nous ne connaissons que l’emplacement qui était le même que celui de l’église postérieure, bâtie aux XIIe et XIIIe siècles.
Celle-ci a subsisté dans ses parties principales jusqu’en 1807. Lorsque, alors, elle fut détruite par mesure administrative, un relevé soigneux fut fait de l’état où elle se trouvait. Il a servi à dresser les planches très précises qu’Albert Lenoir a données, en 1835, dans la Statistique monumentale de Paris.
L’église Sainte Geneviève occupait la place où est ouverte actuellement la rue Clovis, entre l’église Saint-Etienne-du-Mont et le lycée Henri IV. Elle mesurait 65 mètres de longueur et 20 de largeur. Le vaisseau central, flanqué de bas côtés, était divisé en deux par un jubé : à l’ouest, se trouvait la nef ouverte aux fidèles, à l’est, le chœur des religieux. Des niches rectangulaires, prises dans l’épaisseur des murs, servaient de chapelles. Du chœur, on accédait par quelques marches à l’abside, en hémicycle sur laquelle s’ouvraient trois chapelles rayonnantes et une sacristie. Au nord, une autre chapelle communiquait avec le sanctuaire, près de l’extrémité du bas côté.
Par ce même bas côté septentrional, on pénétrait autrefois dans la grande chapelle Saint-Etienne, bâtie vers 1222 pour le service paroissial et qui, transformée au XVIe siècle, est devenue l’église Saint-Etienne-du-Mont. Le bas côté méridional était en communication avec la tour de l’église et le cloître de l’abbaye.
La façade élevée dans la première moitié du XIIIe siècle était percée de trois portes, de hautes fenêtres en arc brisé et d’une rose.
Une crypte, à laquelle on descendait par deux escaliers situés aux extrémités des bas côtés, était de même plan que le sanctuaire. Elle avait servi d’église paroissiale aux habitants de la montagne jusqu’à la construction de la chapelle Saint-Etienne. En 1628, le cardinal de la Rochefoucauld y fit opérer des travaux importants et l’orna de colonnes et de marbre précieux.
Sous la nef et les bas côtés, on a retrouvé de nombreux cercueils de pierre, entre autres ceux que l’on a considéré comme ayant renfermé les restes de Clovis et des membres de sa famille.
La tour, accolée à l’église sur le flanc méridional, subsiste encore, encastrée dans les bâtiments du lycée Henri IV. Elle comprend deux parties nettement distinctes : l’inférieure, de l’époque romane ; la supérieure, de l’époque gothique.
Au flanc méridional s’appuyait le cloître des religieux, dont les trois autres côtés étaient formés par la salle capitulaire de l’est, par le réfectoire à l’ouest et par un bâtiment comprenant, avec les cuisines, une chapelle dédiée à la Vierge qu’on a appelée successivement Notre-Dame de la Cuisine et Notre-Dame de Consolation de Miséricorde au sud.
De très vastes constructions avec jardins s’étendaient au-delà : le plan en a été dressé par Lenoir.
Cette église était considérée au milieu du XVIIIe siècle comme insuffisante par ses dimensions. D’ailleurs, elle était dans un état de vétusté voisin de la ruine. Le 9 décembre 1754, les religieux de Sainte-Geneviève présentèrent une requête au roi pour obtenir de sa libéralité la construction d’une nouvelle église. Louis XV accéda à leur demande. Plusieurs projets furent élaborés. On adopta celui de G. Soufflot, architecte du roi et contrôleur des bâtiments royaux. Les frais devaient être couverts par une part prélevée sur le produit des loteries. Plus tard, Louis XVI conclut un emprunt de quatre millions dont les deniers étaient entièrement destinés à la construction de l’église.
Les travaux furent commencés, en 1757, sur les terrains dépendant de l’abbaye situés vers l’ouest. Les substructions et la crypte étaient terminées en 1764. Le 6 septembre de cette année, le roi posa la première pierre de l’église supérieure. L’édifice était à peine achevé lorsque survint la Révolution. Par décret, en date du 4 avril 1791, promulgué sur la proposition du marquis de Pastoret, à l’occasion de la mort de Mirabeau, le nouveau monument fut « destiné à réunir les cendres des grands hommes, à dater de l’époque de la liberté française ».
Les autres bâtiments furent, pour la plus grande partie, affectés à une école centrale. La bibliothèque qui, dispersée au XVIIe siècle par l’abbé de Brichanteau avait été reconstituée par la Rochefoucauld, fut nationalisée. Elle resta en place jusqu’en 1842. Le médaillier fut transféré au Cabinet National. Les objets mobiliers se trouvèrent dispersés ; la célèbre châsse de sainte Geneviève, d’abord portée à Saint-Etienne-du-Mont, en fut enlevée en 1793 pour être fondue ; les reliques de la sainte furent alors brulées en place de Grève. Les quatre statues de Germain Pilon, qui soutenaient la châsse, subsistent encore, mutilées, au musée du Louvre.
Références :
Millin, Antiquités nationales, t. V, Abbaye Sainte-Geneviève à Paris
Albert Lenoir, Statistique monumentale de Paris, Album, t. I (22 pl.) et Explication des planches, p. 50-70
Abbé Féret, L’abbaye de Sainte-Geneviève et la Congrégation de France
R. Giard, Histoire de l’abbaye de Sainte-Geneviève de Paris, jusqu’à l’année 1619 (Ecole nationale des Chartes. Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1901, pour obtenir le diplôme d’archiviste paléographe, p. 71-80)
R. Giard, Etude sur l’histoire de l’abbaye de Sainte-Geneviève de Paris, jusqu’à la fin du XIIIe siècle (Mémoires de la Société de l’histoire de Paris, t. XXX, p. 41-126)